1. |
Invitation au voyage
03:29
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Invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
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2. |
Les roses de Saadi
01:31
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Les roses de Saadi
J'ai voulu ce matin t’apporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n'ont pu contenir
N’ont pu contenir
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
Ne plus revenir
La vague en a paru rouge comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
Respires-en sur moi
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3. |
Qu'en avez-vous fait?
02:37
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Qu'en avez-vous fait
Vous aviez mon coeur, // Moi, j'avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur ; // Bonheur pour bonheur !
Le vôtre est rendu, // Je n'en ai plus d'autre,
Le vôtre est rendu, // Le mien est perdu ! Où ça?
La feuille et la fleur // Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur, // L'encens, la couleur :
Qu'en avez-vous fait, // Mon maître suprême ?
Qu'en avez-vous fait, // De ce doux bienfait ? En effet.
Savez-vous qu'un jour // L'homme est seul au monde ?
Savez-vous qu'un jour // Il revoit l'amour ?
Vous appellerez, // Sans qu'on vous réponde ;
Vous appellerez, // Et vous songerez !... À moi!
Vous viendrez rêvant // Sonner à ma porte ;
Ami comme avant, // Vous viendrez rêvant.
Et l'on vous dira : // « Personne !... elle est morte. »
On vous le dira ; // Mais qui vous plaindra ?
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4. |
Soir d'hiver
02:16
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Soir d'hiver
Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A la douleur que j'ai, que j'ai.
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire! Où-vis-je? où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A tout l'ennui que j'ai, que j'ai...
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5. |
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La ballade des dames du temps jadis
Dites-moi, où n’en quel pays,
Est Flora la belle romaine
Archipiades ni Thaïs
Qui fut sa cousine germaine ?
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sus étang
Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très sage Héloïse
Pour qui châtré fut et puis moine
Pierre Abélard à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoyne
Semblablement où est la Reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La reine blanche comme lys
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au Grand Pied et Alix,
Haremburgis qui tint le Maine,
Jeanne, la bonne Lorraine
Qu’Anglais brûlèrent à Rouen,
Où sont-elles, Vierges souveraines ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Prince, n’enquerrez de semaine
Ou cette année, où elles sont,
Qu’à ce refrain ne vous ramène :
Mais où sont les neiges d'antan ?
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6. |
Hier
01:53
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Hier
Qui sait si les fleurs
Exilées sur le sol
Dans l’abîme du rêve
Ont fait un tel ravage
Que ma pauvre mémoire
Au soleil excessif
Comme le vent varie
Devenait cendre et poudre
Hier, ma chère
Hier j’entendais les tambours
Hier, l’enfer
Marchait sur mon amour
En notre confrérie
Des profondeurs du gouffre
Oh compagnons de voyage
Personne ne s’en rie
C’est l’obscur ennemi
Qui hante la tempête
Et nous prend clairsemés
De ces mers inconnues
L’automne des idées
Qu’est devenu mon cœur
Taillé dans l’or massif
Et que j’ai tant aimé
Sur les gouffres amers
L’immuable cercueil
L’emporta dans les rêves
D’un ténébreux orage
Aime-moi, où que tu sois
Aime-moi, qui que tu sois
Car hier, hier, est derrière… toi!
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7. |
L'albatros
01:58
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L'albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
Oh hé, oh hé! Qui est l’albatros?
Oh hé, oh hé! Cet oiseau atroce
Oh hé, oh hé, oh! Qui est l’albatros?
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
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8. |
L'Ennemi
03:44
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L’Ennemi, Baudelaire
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
Parsemé ça et là de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigeur?
Ô douleur! Ô douleur! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie!
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9. |
La complainte
02:12
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La Complainte
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
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10. |
Le Vaisseau d'or
02:26
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Le Vaisseau d’or
Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif :
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?
Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !
Qu’est-devenu mon cœur, dans l’abîme du Rêve?
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11. |
La ballade des pendus
03:24
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Ballade des pendus de François Villon
Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez attachés cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis ;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
À lui n'ayons que faire ni que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
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12. |
Demain
02:49
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Demain
Aimer à loisir, aimer à mourir
Écho parlant dans ma vie amère
L’humeur vagabonde
Je revois l’amour
Des ceintures closes sur l’âme en secret
L’odorant souvenir d’un monde qui s’endort
Les plus rares fleurs et les roses envolées
Oh neiges d’antan, pleurez mes roses
Qu’en avez-vous fait du spasme de vivre?
Vous me laissez las de vos voix de sirènes
Les frissons des choses brûlèrent, hier
Des soleils couchants, amis comme avant
Ah, tout l’ennui, que j’ai, que j’ai
Où vis-je? Où vais-je? Demain
Maintenant qu’hier est entre mes mains
Comment vais-je m’aimer?
Où vis-je? Où vais-je? Demain
Maintenant que la fleur est entre mes mains
Comment vais-je l’aimer?
Petite fleur
Donne-moi l’odeur
De ton amour
Pour mon humeur
Vagabonde
Où vis-je? Où vais-je? Demain
Maintenant que l’amour est entre mes mains
Comment vais-je l’aimer?
Où vis-je? Où vais-je? Demain
Maintenant que la fleur est entre tes mains
Comment vais-je t’aimer?
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MiK Québec
MiK est un créateur indépendant de mots, de sons, d'images et de jeux vidéos, d'abord versé dans la poésie.
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